Figure de Paix : Nelson Mandela dit "Madiba" (1918-2013)

"Que reste-t-il de la paix ?" Décryptage d’un discours emblématique de Nelson Mandela à travers une lettre intime adressée à mes fils, Isaac et Noam. Une réflexion profonde et accessible sur la paix, la transmission, et l’héritage que nous souhaitons laisser aux générations futures. Entre sagesse stoïcienne et humanisme moderne, un message universel pour notre époque.

5/24/20255 min read

Lettre à mes fils Isaac et Noam, à propos d’un discours de Nelson Mandela

« Ce qui se fait au nom de la loi peut être injuste. Ce qui se fait au nom de l’ordre peut être inhumain. »

Imaginez un pays où, à la naissance, ton prénom, ton adresse, ta couleur de peau décident de ta place. Pas symboliquement. Légalement. Où des panneaux « Whites only » t’interdisent l’accès à une plage, une école, un banc public, un avenir.

Imaginez que votre voisin, parce qu’il est noir, n’a pas le droit de vivre dans la même ville. Qu’il doit porter un « pass » pour prouver qu’il peut être là. Qu’il est expulsé de son propre quartier. Qu’il est interdit d’aimer une personne d’une autre couleur. Qu’il peut être emprisonné, frappé, abattu, sans procès équitable.

C’était hier. En Afrique du Sud. Sous un régime qu’on appelait l’apartheid.

Et pendant que le monde fermait les yeux, que des gouvernements occidentaux justifiaient cela au nom de la lutte contre le communisme ou des intérêts économiques, un homme a dit non.
Un homme a passé 27 ans en prison, pour défendre un simple principe : toute vie humaine a la même valeur.

Cet homme, c’était Nelson Mandela.Symbole mondial de paix et de réconciliation, Nelson Mandela a passé 27 ans en prison pour avoir combattu l’apartheid en Afrique du Sud. Libéré en 1990, il a choisi le pardon plutôt que la vengeance, guidant son pays vers la démocratie.

En 1994, il devient le premier président noir sud-africain élu démocratiquement. Son héritage dépasse les frontières : il incarne le courage moral, l’humilité et la puissance du dialogue.

« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »

Quelques repères clés :

« La paix ne peut pas être maintenue par la force ; elle ne peut être atteinte que par la compréhension. » — Albert Einstein

L’apartheid a officiellement commencé en 1948 en Afrique du Sud, lorsque le parti nationaliste afrikaner est arrivé au pouvoir et a mis en place un système institutionnalisé de ségrégation raciale.

Mais ses racines remontent à bien plus tôt, dès les colonisations néerlandaise et britannique. Le régime d’apartheid tel qu’il est connu s’est formalisé autour de lois très strictes qui ont duré jusqu’en 1991 (début de l’abrogation progressive) et ont officiellement pris fin en 1994, avec l’élection de Nelson Mandela, premier président noir du pays, élu démocratiquement.

  • 1948 : mise en place officielle de l'apartheid par le Parti national.

  • 1950 : loi sur la classification raciale (Population Registration Act), qui divise la population en Blancs, Noirs, Métis, et Indiens.

  • 1960 : massacre de Sharpeville — 69 manifestants pacifiques tués.

  • 1964 : Nelson Mandela est condamné à la prison à vie (procès de Rivonia).

  • 1989–1991 : début du démantèlement des lois d’apartheid.

  • 1990 : libération de Nelson Mandela après 27 ans de prison.

  • 1994 : premières élections multiraciales, Mandela devient président.

Quelques discours marquants :

Nelson Mandela a prononcé de nombreux discours de paix puissants, ancrés dans la réconciliation, la dignité humaine et la reconstruction d'une nation brisée. En voici quelques-uns des plus emblématiques, avec des extraits :

Discours d'investiture – 10 mai 1994

Premier discours en tant que président de l'Afrique du Sud libre, après les élections démocratiques.

"Nous nous engageons à construire une société dans laquelle tous les Sud-Africains, noirs et blancs, pourront marcher la tête haute, sans peur dans leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine — une nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde."

📌 Thèmes : réconciliation, espoir, unité raciale, dignité.

Discours à sa libération – 11 février 1990, Le Cap

Juste après avoir quitté la prison de Robben Island.

"J’ai combattu la domination blanche et j’ai combattu la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle toutes les personnes vivent ensemble en harmonie et avec des chances égales."

📌 Thèmes : non-violence, égalité, vision stoïcienne d’un idéal poursuivi envers et contre tout.

Discours de clôture au procès de Rivonia – 1964

Discours prononcé au moment où il risque la peine de mort.

"J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et réaliser. Mais si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir."

📌 Thèmes : courage, convictions, sacrifice stoïque au nom de la paix.

Citation souvent attribuée (extrait du discours de 1994 ou de ses écrits)

"Nul ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, de son origine ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et si on peut leur apprendre à haïr, on peut leur apprendre à aimer."

📌 Thèmes : transmission, éducation à la paix, choix conscient de la lumière.


"Ce qui nous fait le plus peur, ce n’est pas d’être à la hauteur, c’est de réaliser à quel point nous sommes puissants au-delà de toute mesure…"

Cette phrase n’a jamais été prononcée dans un discours officiel par Mandela, mais elle lui a longtemps été attribuée, notamment parce qu’elle résume parfaitement le message qu’il portait : celui de libérer le potentiel humain opprimé.

Un discours qui résonne

Je repense souvent aux mots de Nelson Mandela lors de son discours d’investiture en 1994. Il ne parlait pas seulement en tant que président d’une nation brisée par l’apartheid, mais en tant qu’homme qui avait passé 27 ans en prison et choisi — au lieu de la vengeance — la réconciliation.

« En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »

Ce n’est pas un slogan, c’est un principe. Et c’est aussi un défi immense.

La paix ne naît pas dans le silence, mais dans la conscience. Elle n’est pas l’absence de conflit, mais la capacité à en faire quelque chose de plus grand que soi.

Le message pour les générations futures

Isaac. Noam. Et tous les autres.
Le monde que vous héritez n’est pas tendre. Il crie, il divise, il court. Et pourtant, au milieu de ce vacarme, vous aurez toujours le choix de la paix.

Mais attention : la paix n’est pas molle.
La paix est une force.
Une exigence.
Un courage.

Elle exige de ne pas répondre à la colère par la colère.
Elle vous demande de comprendre avant de juger.
De rester debout sans fracas.
Et parfois, de vous taire pour mieux écouter.

Il y aura des injustices, des déceptions, des blessures. Ne les laissez pas durcir votre cœur.
Je vous souhaite de vous indigner sans haine.
De parler fort sans écraser.
D’aimer même ceux qui ne vous aiment pas.

La paix n’est pas un état, c’est un effort. Une discipline intérieure.
Un art de choisir ce qui élève, plutôt que ce qui soulage.

Ce que j’ai compris, et que je vous transmets

Moi aussi, j’ai cru que faire la paix, c’était se taire. Céder.
Mais j’ai appris qu’on peut poser des limites avec douceur.
Dire non avec dignité.
Et que parfois, un seul mot vrai peut désarmer une armée de colères.

Les mots sont vos premiers outils.
Et vos premières armes.
Utilisez-les pour relier, pas pour dominer.
Écrivez. Parlez. Mais surtout : ressentez avant de répondre.

Et si un jour vous doutez…

Relisez ces quelques lignes.
Rappelez-vous : vous n’avez pas à changer le monde entier.
Mais chaque mot pacifié que vous prononcerez sera une graine.
Un jour, quelque part, quelqu’un en récoltera le fruit.

Et ce sera assez.

Avec toute ma tendresse de maman.

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